Autour de Jean-Luc Nancy, avec André Hirt et Ârash Aminian Tabrizi
Le vendredi 11 avril 2025 à 19hEn août 2021, le prolifique philosophe français Jean-Luc Nancy nous quittait. Penseur de la communauté, son œuvre multiple comprend des études sur les arts, des réflexions sur les aspects politiques et religieux des évolutions du monde contemporain, sans jamais qu’elle ne s’éloigne des formes sensibles, des êtres singuliers et d’une méditation constante sur le corps.
Deux ouvrages récents lui sont consacrés : d’une part, Sexpositions (Les presses du réel, 2024), un long entretien entre Jean-Luc Nancy et Ârash Aminian Tabrizi réalisé entre octobre 2020 et avril 2021, qui revient sur l’œuvre et la vie du philosophe à travers le prisme du sexe, d’autre part, la monographie d’André Hirt, Portrait du philosophe en grand vivant, Jean-Luc Nancy (Kimé, 2024), laquelle parcourt l’œuvre pour donner accès à la concrétude de la pensée que cette œuvre énonce.
Nous avons le plaisir de vous convier à une rencontre autour de ces deux ouvrages en présence d’André Hirt et d’Ârash Aminian Tabrizi le vendredi 11 avril 2025 à 19h, dans le cadre du colloque « Palpitations, Jean-Luc Nancy. Arts, corps, sens » qui se tiendra à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles (ARBA-ESA) les 11 et 12 avril 2025, en partenariat avec les éditions La Part de l’Œil. La rencontre sera animée par Dirk Dehouck, enseignant à l’ARBA-ESA et Sami El Hage, libraire.
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Jean-Luc Nancy, Ârash Aminian Tabrizi
Sexpositions
Dans cet entretien, Jean-Luc Nancy et Ârash Aminian Tabrizi agitent de sexe, du sexe, des sexes – de la sexualité, de la différence sexuelle ? – en tout cas, de ce que séparément, de ce qu’autrement, ils ont, tous deux, pu appeler, la « sexistence ». Ici, là, ça sexpose – sinon s’expose parfois – et ça pose « sexe » entre (d)eux.
Par le biais de « sexe », on relit la biographie et la philosophie ; on relie la pensée à la voix de l’écriture. On parle, par exemple, de l’enfance, des amours, du désir et de la jouissance. Mais, on se retourne aussi sur l’œuvre signé J.-L. N. et compulse les textes qui le composent pour distinguer les rumeurs du sexe, des sexes – des susurrements et murmures s’échappant dès les premières publications aux différents cris poussés plus franchement à partir des années 2000. Bref, on explore des corps, leurs mondes, leurs histoires : leurs présences, leurs souvenirs, leurs avenirs ; et on entre dans un corpus abondant pour le parcourir, par haltes successives, de ses commencements à ses conclusions d’alors.
Ainsi, là, ici, ça devise, ça fait suivre – une réponse après l’autre. Aussi sec, on s’ex : on questionne, on repart. On réplique, on repique. On déplace, on joue, on diffère, on supplémente. Et on n’hésite jamais à toucher certaines limites qui jusque-là, jusqu’ici, étaient encore restées ininterrogées. Par cette porte dérobée qu’est ce « sexe » posé, Sexpositions donne donc à lire la vie et l’œuvre d’un philosophe hors du commun, tout en promettant de continuer à écrire cette vie et cet œuvre et de les laisser s’excrire, et s’écrier peut-être même, toujours déjà autrement.
André Hirt
Portrait du philosophe en grand vivant, Jean-Luc Nancy
Penser à mort la vie, quelle qu’elle soit, partout, solitaire comme partagée, dans ses poussées d’énergie et de sexualité, de la veille au sommeil et au rêve. Penser l’existence jusqu’au bout, même le mort dans la mort et dans son espace la résurrection pour y apercevoir dans sa tenue propre l’être cher. Éprouver les séparations comme les partages. Toucher l’autre, être touché par lui, et être habité par le cœur qu’il a donné. Sentir néanmoins l’étreinte de l’union de l’âme et du corps. Travailler, enseigner et écrire à perte de vue, aimer de même. Exister et agir. Garder et protéger la raison, et être ivre d’infini depuis le fond de la finitude. Se défier des significations établies, déjà mortes. Penser désormais le sens qu’il y a, qui est le monde et rien d’autre, au présent, contre toutes les formes de nihilisme.
Telle fut la tâche que se donna le philosophe Jean-Luc Nancy, en grand vivant.
L’ouvrage parcourt son œuvre grâce à des approches successives et des voies souvent moins empruntées, en les accompagnant de souvenirs et de prolongements, par conséquent non pour en faire une fois de plus l’exégèse, mais pour en reconnaître la concrétude, et pouvoir ainsi, qu’il s’agisse des grandes comme des petites choses, s’il y en a, approcher de ce que être homme, philosophe et penser tout ensemble veulent dire.